EN UN MOT
Ce visage exprime la reconnaissance.
Toi, tu es là,
Posé sur le bord des lèvres, tu attends.
Patiemment.
Le regard se détend, soulagé,
La douceur habille ses prunelles noisette.
La quiétude drape les joues, le front,
Et affine naturellement chaque sillon.
Mais les lèvres hésitent encore.
Que vont-elles faire de toi ?
D’autres lèvres t’auraient déjà libéré,
Mais celles-ci semblent vaciller.
Pourtant, toi, tu attends toujours.
Tu aimerais tellement
Car tu sais la joie que tu procures.
Mais la décision ne t’appartient pas.
Avec ton corps si menu,
Tu passes presque inaperçu.
Souvent, trop souvent, on t’oublie.
C’est vrai, tu es petit, chétif.
Quelques centimètres tout au plus.
Pourtant, malgré ta silhouette si frêle,
Tu peux rendre la vie si belle.
Lorsque tu t’échappes,
Tu déposes la gaieté sur un visage,
Tu fais pétiller les yeux,
Tu peux rendre l’instant si beau.
Même si tu n’es plus une évidence,
Tu ne seras jamais désuet. Jamais !
Ça y est,
Les lèvres s’étirent enfin doucement,
Pour te souffler tendrement :
Merci !
VOUS PARLER DE LUI
Vous parler de lui, c’est vous parler de moi.
C’est me dévoiler malgré cette hésitation ;
Ce point virgule comme une respiration
une incitation à opter pour un autre sujet.
Pourtant, il ne s’agit ici nullement de pudeur.
J’assume ces mots en forme de confidences.
Vous parler de lui, c’est évoquer notre rencontre.
Ma mémoire est incapable de mettre une date.
Pas la moindre croix sur le calendrier car en réalité,
elle ne revêt aucune importance.
Avant lui, d’autres sont venus, que j‘ai délaissés. Ecoeurée.
Puis, un jour, j’ai su que c’était lui.
Vous parler de lui, c’est évoquer les présentations.
Loin de faire l’unanimité, loin s’en faut,
Il a été parfois accepté autour de moi,
Quelques-uns ont tenté de l aimer un peu,
malgré une certaine amertume, un désavoeu
que dénoncent une lippe plissée, un nez froissé.
Vous parler de lui, c’est évoquer mon attirance.
Pour sa pigmentation foncée qui peut déranger,
Qui révèle une authenticité, une force de caractère
Et sur laquelle, mes lèvres se sont posées.
La délicatesse de ce baiser, sa douceur,
Pour mieux le humer, m’en imprégner.
Vous parlez de lui, c’est évoquer son origine.
Que ce soit de Madagascar ou du Pérou,
Il revendique en puissance ses valeurs, ses qualités,
Sa véracité à cent pour cent naturelle.
Ces attributs m’interpellent, me conviennent,
Et participent à me convaincre de mon choix.
Vous parlez de lui, c’est…. Comment dire ?
Je n’ai plus envie. J’ai juste besoin de lui.
De sa couleur ébène comme une peau née au soleil,
De la chaleur qu’il va me procurer,
De sa senteur, de son caractère affirmé,
De son réconfort quotidien.
Je casse un carreau, un seul,
Qui, en fondant lentement,
Se disperse sur ma langue,
Tapisse mon palais de son amertume
Et m’enveloppe les papilles
De son goût cent pour cent corsé.
Instant magique, sensualité voilée.
Je ne peux plus vous parler
LA MARELLE
Troubles cognitifs
liés à l’âge.
La petite cellule familiale, pas plus grosse qu’un muffin coupé en quatre, écarquille les yeux.
Jamais, avant la chute. Tout au plus des pertes de mémoire, comme tout le monde. Alors, elle pointe du nez la morphine, la déshydratation et l’environnement : l’hôpital perturbe les personnes âgées,
c’est bien connu.
Et puis, la bonne nouvelle arrive. Les os se consolident, elle pourra marcher à nouveau. Elle réintègre son chez elle. Un assistanat est mis en place.
De fait, la vie reprend son cours. Mais plus comme avant. Elle déambule, hésitante. Elle déambule et s’impatiente. Elle déambule et oublie. Des noms. Des prénoms. Comme tout le monde, non ? reprend
une des parts du muffin. Plutôt comme une vieille dame qui joue à la marelle et qui saute une case, répond, lucide, une autre part.
De temps en temps. Plus souvent que parfois.
Hâte d’atteindre le Ciel ?
Puis, entre mots choisis et paroles perturbées, ce constat :
- Personne vient me voir ?
Si. A dose très homéopathique.
La petite cellule familiale excuse :
- les gens ont perdu quelque chose de précieux : le temps. Chacun tente de s’organiser suivant ses obligations et aussi, ses envies.
Son regard qui refuse de l’admettre. Elle, qui a consacré tant de temps à visiter les malades. Elle qui s’est investie pour rendre des solitudes plus douces.
Une année s’est écoulée. Formidable !
Une année pour s’enliser.
La vieille dame vit alitée maintenant. A l’horizontal pour toujours. Le sommeil joue à la marelle avec ses pensées incohérentes. Une case pour grignoter, une pour sommeiller. Une case pour divaguer,
une pour refuser de comprendre.
Hâte de gagner le Ciel ?
Ces mots dédiés à ma maman me sont venus, un jour, au petit matin. Elle nous a quittés quelques jours après.
L’INSPIRATION
Ecrire.
Avoir envie d’écrire. Aimer écrire. Avoir besoin d’écrire.
Oui, mais quand ?
De bon matin, lorsque la maison est encore endormie ? Le soir, tard, jusqu’à empiéter largement sur la nuit ? Pendant les vacances ? Après une journée de travail ? En catimini au bureau ? Uniquement le week-end ?
Et comment s’y prendre ?
Faut-il privilégier l’ordinateur pour la rapidité de saisie qu’il offre ? Ou bien le crayon qui glisse sur la feuille de papier pour un plaisir indicible ?
La feuille.
Qu’elle se noircisse de caractères d’imprimerie ou de mots hâtivement formés au stylo, elle est le support d’histoires en tous genres. Des histoires romancées, des histoires pour faire rire ou pour faire pleurer, des histoires pour s’interroger, des histoires sur le passé, sur demain, des histoires au présent.
Alors, c’est facile d’écrire ?
Il suffit d’inventer une histoire ? Ou bien de s’inspirer d’un fait réel ?
Ou bien….. Ou bien, il suffit de…. enfin de….
Il suffit d’avoir de l’inspiration. Ça y est, le mot est lâché.
L’inspiration.
Comment naît-elle ? En sommes-nous tous pourvus ?
Qui n’a pas ressenti l’angoisse de la page blanche ?
La source d’inspiration inépuisable et à portée de tous est la vie !
Elle offre des situations à profusion : un regard échangé avec un inconnu dans la rue, une émission dont on ne retient qu’une voix, un film avec l’éloquence d’une larme, un article dans un magasin, la couleur d’une fleur, les nuances du ciel un soir d’été ou sous l’orage menaçant, les senteurs d’un champ de lavande qu’on devinent en regardant une photo, une affiche publicitaire etc.
A l’écrivain de les manier pour créer des histoires. Mais faut-il les voir, les ressentir. Ce n’est pas toujours le cas. Il faut pour cela être en mode écriture, c’est-à-dire être dans de bonnes dispositions pour transformer ce que l’œil voit, ce que l’oreille entend. Savoir adapter une scène, une remarque pour faire naître une histoire et la faire évoluer.
L’écriture, un exutoire ?
Oui, parfois.
On dit que la colère n’est pas bonne conseillère mais cependant, source d’inspiration.
Mais l’exprimer, la détourner dans un environnement différent de celui qui l’a suscité peut devenir un exutoire. Dans ce cas, elle permet d’oser s’affranchir de certaines réflexions par l’intermédiaire d’un personnage.
L’introspection.
Lorsque l’écrivain accepte de confier les fissures de sa vie, ses états d’âme, cela peut donner naissance à des autobiographies poignantes, humoristiques.
Enfin, j’ai envie de vous dire que la plus belle source d’inspiration est l’amour, mais ne le saviez-vous pas déjà ? Je vous vois sourire. Qui sait ? Votre sourire va peut-être m’inspirer une histoire ….. d’amour !